L’Accélération

Un sprinteur est-il performant ? Pour le savoir, il faut regarder sa vitesse maximale atteinte lors de sa course. Cette dernière est fortement corrélée au temps de course sur 100m (R =-0,97) (Saito et al., 2008).
Mais répondre à la question : « comment l’athlète parvient à cette vitesse ? », nous donnera plus d’indications sur sa performance. Les meilleurs sprinteurs sont ceux qui accélèrent le plus vite, mais aussi le plus longtemps pour atteindre des vitesses plus hautes (Saito et al., 2018). Nagahara et al. (2014b) et Von Lieres und Wilkau et al. (2018) nous indiquent que la vitesse maximale est, dans la plupart des cas, atteinte aux alentours de 40 mètres, soit 25 appuis.
En revanche, moins l’athlète est rapide, plus il l’atteindra tôt (20 ou 30m). Au même titre qu’Usain Bolt, recordman en titre sur 100m, a pu atteindre sa vitesse maximale entre 60 et 70m en 2009.

L’accélération se sépare en trois catégories :
  1. L’accélération initiale : de l’appui 0 au 3ème appui (Nagahara et al., 2014 ; Von Lieres und Wilkau et al., 2018).
  2. L’accélération intermédiaire : de l’appui 4 à l’appui 13 (Nagahara et al., 2014a ; Nagahara et al., 2014b ; Von Lieres und Wilkau et al., 2018)
  3. L’accélération finale : des appuis 14 à 25 à l’atteinte de la vitesse maximale (Nagahara et al., 2014b ; Von Lieres und Wilkau et al., 2018).

Dans cet article, nous allons analyser plus en détail, la phase d’accélération initiale.

Pendant l’accélération initiale, l’athlète veut maximiser la vitesse vers l’avant (Debaere et al., 2013). C’est la phase de l’accélération ou la vitesse augmente le plus avec un incrément de vitesse jusqu’à 1,4 m/s au premier appui (Bezodis et al., 2019).
En comparaison, la phase intermédiaire produit des incréments médians de 0,24m/s par appui (Von Lieres und Wilkau et al., 2018).
A la fin de la phase initiale, la vitesse est proche des 50% de la vitesse maximale de l’athlète, et ce, en seulement 3 appuis. C’est pour cette raison que cette phase est certainement la plus importante de toute l’accélération. Si l’athlète a une bonne vitesse maximale et une bonne phase d’accélération initiale, il aura une bonne accélération générale.

Comment l’améliorer ? Il faut s’intéresser à la force horizontale produite par l’athlète pendant ses temps d’appui (Debaere et al., 2013).
En effet l’athlète ne peut augmenter sa vitesse que lorsqu’il peut produire de la force, c’est-à-dire, pendant qu’il est en contact avec le sol.
L’appui peut être divisé en deux phases : une phase de freinage et une phase propulsive. Lors du premier appui, la phase de freinage ne représente que 13% du temps de contact. Donc, ce qui différencie une bonne accélération d’une mauvaise, c’est la force horizontale produite lors de la phase propulsive. Un point clé : produire un maximum de force, dans la bonne direction (Bezodis et al., 2019 ; Colyer et al., 2018).
Comment faire ? Être fort et avoir un bon angle tibia-sol et tronc-sol (Figure 1). Dans cet objectif, la hanche joue le plus grand rôle. Elle est responsable de 54% de la production de puissance totale, contre 31% pour le genou et 15% pour la cheville (Debaere et al., 2013). Cette force produite en accélération initiale est concentrique et se rapproche des qualités physiques de force maximale et de puissance-force. D’ailleurs, Maulder et al. (2006) et Nagahara et al., (2014b) ont trouvé des relations entre les performances en squat jump et en contre mouvement jump et la performance en sprint sur 10m (Maulder et al., 2006), et jusqu’à 18m (Nagahara et al., 2014b).
Or, ces sauts font particulièrement appel aux qualités citées. Maulder et al. (2006) prédisent qu’une augmentation de 1W/kg sur ces mouvements serait le signe d’une progression d’un centième de seconde sur 10m.

Représentation schématique de la position des segments a l'impact et au décollage du 1er au 25eme appui soit toute la phase d'accélération. Les numéros indiquent les appuis respectifs. Les dessins rouges qui surpassent les noirs correspondent à la position juste avant les points temporels de référence.

Figure 1 Représentation schématique de la position des segments a l’impact et au décollage du 1er au 25eme appui soit toute la phase d’accélération. Les numéros indiquent les appuis respectifs. Les dessins rouges qui surpassent les noirs correspondent à la position juste avant les points temporels de référence.  L’articulation métatarso-phalangienne est le point de référence de l’impact et du décollage (Nagahara et al., 2014a).

À emporter chez soi :

  • La vitesse maximale d’un athlète détermine s’il est performant en sprint
  • S’il l’athlète n’est pas performant, il faut l’évaluer pour identifier la phase du sprint qui pose problème.
  • Si un athlète n’est pas performant en accélération, alors la phase d’accélération initiale est le premier point à travailler
  • La performance dans cette phase est déterminée par la force horizontale produite et sa direction. La force en extension de hanche est très importante dans ce cas.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *